Bertrand Barère, député de la Plaine, c'est-à-dire du centre,
joue un rôle fondamental au sein de la Convention. Rapporteur
habituel du Comité de salut public, ses discours et ses carmagnoles
contribuent puissamment à la production d'un roman
national au milieu de tempêtes politiques.
Convaincu que la République ne peut se fonder que sur l'alliance
avec le peuple, souvent réduit aux sans-culottes parisiens,
il reste profondément attaché au respect de la représentation
nationale, c'est-à-dire à l'intégrité de la Convention. Il est ainsi
plongé au coeur des contradictions de la Révolution. Forgé par
la philosophie des Lumières, avocat défenseur des plus faibles,
d'abord favorable à la monarchie constitutionnelle, il devient le
porte parole du Comité de salut public et soutient à ce titre les
mesures d'exception qui aboutissent à la politique dite de la Terreur
tout en demeurant attaché à l'utopie d'une fusion unitaire
de tous les républicains.
Son portrait fut construit d'abord par ses adversaires. Ils
en firent un terroriste doublé d'une girouette politique inconsistante.
Au-delà de tout présupposé, cet ouvrage, à travers les
faits, se propose d'éclairer son parcours car, s'il demeure à la
lumière de 1789 à 1794, il connut aussi jusqu'à sa mort à Tarbes
en 1841, de multiples vicissitudes.