Chasseurs dans la neige
À partir de Chasseurs dans la neige, oeuvre peinte en 1565 par Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569) et conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne, Éric Poindron emmène le lecteur dans un paysage polyphonique, un motet narratif au fil duquel les voix des personnages se répondent, s'enchevêtrent. Dans une correspondance entre la profusion des détails du tableau et les éléments d'un récit qui se plaît aux fragments, se construit une forme d'almanach des temps qui passent. Un père emmène son fils à la chasse. Comme à un baptême, une initiation. Il est fier d'emmener son fils à la chasse. Tous deux marchent en silence. Le père observée et sourit. L'enfant observe aussi et se tait. En apparence. Pourtant il se parle. Et le soir, il écrit. L'enfant a un secret, des secrets ; comment parler à son père sans le décevoir ? Ceci n'est pas un conte. Ou cette histoire est une succession de contes. Elle est de partout et de tout temps. Bien qu'elle se passe dans des pays du Nord ou de l'Est, à des époques incertaines et pas si loin des villes, elle raconte tous les pères et tous les fils, car les boules de neige sont des souvenirs qui se lancent au passé afin de réchauffer plus tard la mémoire de l'enfance. Il neige à pas lents et blancs dans les lacis de l'hiver. Les chasseurs et les hommes sont ainsi des petites taches minuscules et dérisoires dans l'histoire du monde et de la neige.