Lorsque, en octobre 1815, Napoléon et sa suite, avec
la garnison anglaise préposée à sa surveillance, débarquèrent
sur un îlot rocheux et inaccessible de l'Atlantique
sud, la petite histoire tranquille et entêtante de la
colonie fut bousculée par l'irruption inattendue de la
grande. Cette dernière est désormais bien connue. Michel
Dancoisne-Martineau en prend le contre-pied, en entrant
dans l'intimité de ceux qui ont été mêlés, parfois de
très loin, aux affaires de la retentissante captivité : voici,
outre le terrible Hudson Lowe, l'original révérend Boys, le
«Juif» Solomon, l'impertinente Betsy Balcombe, le maître
d'hôtel Cipriani, les esclaves employés sur l'île, les Chinois
de la Compagnie des Indes, les prostituées de la prison, et
tout un microcosme digne de la comédie humaine, battu
par la mer, assommé par l'isolement et l'inaction, tandis
que passent, en fond de tableau, les premiers rôles et
l'ombre fugitive du Grand Homme.
Cinquante-quatre historiettes, nourries par les archives
pour l'essentiel inédites de la capitale Jamestown, sont autant
de scènes de genre qui recréent «ce que l'historien a
toujours du mal à saisir, l'air et le goût du temps», écrit
dans sa préface Thierry Lentz, directeur de la Fondation
Napoléon.