Difficile de vivre une enfance plus improbable que celle d'Alexandre Casella,
né à Naples en 1936 d'une intellectuelle juive d'Europe centrale et d'un
aristocrate napolitain. A sept ans, il se réfugie en Suisse avec sa mère pour
échapper aux Nazis. A douze ans, il est rapatrié de force par son père pour être
placé dans un internat jésuite près de Naples. A quinze ans, il se réfugie en
Israël avec sa mère, le temps d'acquérir une nouvelle identité sous le nom de
Daniel Orr. A vingt ans, il accompagne sa mère - invitée à Pékin par les
dirigeants de la toute jeune République populaire de Chine - au coeur de ce qui
est alors considéré comme « l'antre du diable ».
Ce voyage fondateur, où il découvre aussi le Vietnam, inspire à Daniel Orr,
entre-temps redevenu Alexandre Casella, une passion pour l'Asie qui va guider
son existence. Journaliste, il vit des expériences mémorables - de l'offensive
du Têt à une interview historique du prince Sihanouk, en passant par la
révolution culturelle chinoise. Chargé de mission au Vietnam par le CICR, il
dénoncera à son retour les faiblesses de la politique asiatique de l'institution
dans un article du Monde qui fait sensation. Après un interrogatoire
plein d'humour involontaire, la Confédération lui accorde la nationalité suisse
en 1971.
De ce parcours chaotique sortira une longue carrière au Haut Commissariat
des Nations Unies pour les Réfugiés, qu'Alexandre Casella a racontée dans
Breaking the Rules, publié à Genève en anglais et à Pékin en chinois. Il fait ici
le récit passionnant de ses années de jeunesse - un véritable roman - avec
un esprit caustique des plus réjouissants.