De main en main, de compte à compte, d'employeur à
salarié, d'État à État, les coupures se donnent, s'échangent,
enflent ou dépérissent, empruntent des trajets insoupçonnés
répartissent les places, les fonctions, les rôles,
définissent des circuits clairs ou obscurs, réjouissent les
uns, affligent les autres, selon qu'ils sont bénéficiaires ou
victimes de la plus-value.
Signe d'un travail, l'argent est signifiant d'un manque
radical. S'affranchir de ce manque serait prétendre solder
une dette impayable, une dette qui s'accroît à mesure qu'on
s'échine à vouloir la combler. Refoulée, forclose ou déniée,
cette dette a pourtant creusé le trou depuis lequel nous
désirons.
Dans les voyages divers et variés que l'argent effectue
dans nos échanges désormais mondialisés, c'est cette dette
qui circule, toujours la même, celle qui nous fonde...