«Commençons par admettre cette tempête, reconnaître qu'il est à nous,
ce désastre qui nous sidère.» Ravageant toute forme de vie sur Terre au
nom de sa valeur, cette «société» transforme le monde en un Enfer.
Elle n'a aucune raison d'être et doit s'en forger sans cesse, renouveler
ses terreurs et promesses, pour nous empêcher de nous saisir de
l'absurde misère humaine qu'elle fait partout triompher.
C'est dans tous les aspects de notre existence que nous subissons et
reproduisons la domination de la valeur marchande, c'est là qu'il
nous appartient d'y mettre fin. Critiquer ce désastre, c'est s'en prendre
à la fois à sa réalité sociale et à sa consistance intime, refuser de rester
écartelés entre des postures politiques et religieuses. Renverser la
perspective idéaliste de la domination, cette mauvaise conscience que
nous portons en nous, qui gâte et dévalorise tout ce que nous vivons.
Se désengourdir, s'en prendre à notre apathie et à notre insensibilité,
redéployer tous les aspects de notre puissance pratique : ceux qui ont
été transformés en machines et fétiches marchands, mais aussi ceux
qui ont été enfouis dans les bondieuseries et métaphysiques de toutes
sortes. Reprendre contact avec nous-mêmes.