Nées au milieu du XIXe siècle en Occident, les expositions universelles
constituent depuis lors des moments particuliers où
s'esquissent des mises en ordre du monde qui ne porteraient pas
à conséquence. Gagnant l'Asie au début des années 1970, elles
offrent cependant des prises uniques pour comprendre, d'un point
de vue empirique, ce que pourraient être des alternatives à la cosmologie
moderne occidentale, permettant ainsi d'appréhender le
pacte moderniste depuis un autre centre. À l'Exposition de 2010, la
Chine accueillait l'ensemble du monde. Elle l'invitait à franchir son
«seuil» à Shanghai, ville aux multiples visages, ouverte de force
et colonisée, puis cosmopolite, «rouge», et finalement, prenant sa
revanche, ville «universelle». Au premier coup d'oeil, la disparité
manifeste de la carte du «monde en miniature» offerte par la
disposition des pavillons faisait apparaître plutôt la discontinuité
radicale que l'unité dans la diversité. C'est ce dont témoignent les
textes réunis dans ce volume, qui tentent de saisir, au delà de ces
discontinuités, comment se projette un universel ; comment il se
prépare et se gère ; comment, à chaque moment de l'histoire de
sa constitution, d'autres voies sont toujours possibles, des choix
toujours à faire.