Les séances ont commencé dans les rues, les cours ou les cafés. Puis
surgirent les salles aux noms grandioses, tout droit venus d'Europe :
Rex, Vox, Palace ou Palladium... Nous sommes en Afrique subsaharienne,
sous domination française ou britannique, dans la période
de l'entre-deux-guerres : Fantômas, Tarzan, Les Trois Mousquetaires,
King Kong font désormais partie d'un paysage culturel partagé. Tandis
que John Wayne ou Gary Cooper deviennent des modèles pour des
générations de jeunes gens en quête de repères.
Le 7e art est bien perçu par les populations comme un moyen d'échapper,
provisoirement, à un quotidien marqué par la colonisation. Et le
lieu de la projection comme un espace étrange où Noirs et Blancs se
côtoient sans se mêler, où s'exerce une censure qui ne dit pas son nom,
où l'on apprend, aussi, que les Européens ne sont pas invincibles, que
leurs moeurs ne sont pas irréprochables et leur système politique pas
exempt de critiques...