L'auteur, lecteur assidu de textes théoriques et poétiques
sur l'art et le cinéma, a été frappé par la perte soudaine
de plasticité du médium cinématographique suite à la numérisation
des films.
Il s'est aperçu que les fameuses Histoire(s) du cinéma de
Jean-Luc Godard, comme La Divine Comédie de Dante sept
siècles auparavant, contenaient tout le savoir du temps présent,
en particulier celui nécessaire pour penser ontologiquement
et métaphysiquement la mutation, semble-t-il irréversible, des
«spectacles d'ombres en mouvement» en «images mouvantes
calculées en pixels».
Alors même que l'écrivain et théoricien de la crise des avant-gardes
littéraires Philippe Sollers envisageait son Paradis
comme un équivalent littéraire des Histoire(s), il a eu l'idée de
faire dialoguer, littéralement et dans tous les sens, ces deux
sommets de l'art du «montage».
Enfin, l'auteur a essayé de «sauver», au sens benjaminien, tels
de vieux chiffons, tout ce qui va disparaître avec la perte d'aura
définitive de toute oeuvre cinématographique.