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Il est ainsi des personnages « à la Alexandre Dumas », partis de rien, qui savent gravir les plus hautes marches. François Lay fut l’un d’eux : petit paysan né en 1758, il devait, en bonne logique, prendre la suite de son père, fermier au pied des Pyrénées. Mais le destin, qui lui avait fait cadeau d’une voix extraordinaire, en décida autrement. Sous le nom de Laÿs, il fit une grande carrière de baryton à l’Opéra de Paris, de 1779 à 1826, et fut en son temps aussi connu et adulé que peuvent l’être certaines de nos vedettes d’aujourd’hui. Installé à demeure à Paris, il traversa la Révolution et l’Empire et eut à connaître la plupart des personnages, flamboyants ou sinistres, qui firent l’Histoire de cette époque : il fut l’un des chanteurs préférés de la reine Marie-Antoinette, qui le fit nommer soliste au Concert de la Reine. Il fut l’ami de Barère et du peintre David. Ses amitiés politiques révolutionnaires le firent pencher vers Robespierre. Plus tard, Napoléon le protégea et en fit le premier chanteur de la Chapelle Impériale, le disant incomparable et lui manifestant son estime. Mais les rancunes de la Restauration eurent raison de lui : il termina pauvrement sa vie à Ingrandes, sur la Loire, tout près d’Angers, en 1831. À travers ce récit, Anne Quéruel nous entraîne au coeur du XVIIIe siècle et de ses tourmentes, dans le sillage d’un grand homme injustement oublié et à qui hommage est enfin rendu.