À partir de 1925, influencé par l'expressionnisme,
il collabore avec le Théâtre Populaire Flamand,
modernise les mythes de Faust et de Don Juan, traite
de la guerre, de la tentation anarchiste et du rêve
révolutionnaire (Barabbas, Pantagleize). Au début
des années trente, il recrée un univers pré-renaissant
et renaissant inspiré des tableaux de Bruegel, où il
fait vivre ses fantasmes : prêtres maléfiques, femmes
tentatrices, bouffons grimaçants, apparitions du Diable
et de la Mort. À Escurial succèdent, parmi d'autres
chefs-d'oeuvre, La Balade du Grand Macabre, Hop
Signor ! et L'École des Bouffons. Son art, visuel et
coloré, allie le grotesque au macabre. Il se réclame,
comme Antonin Artaud, d'un théâtre de la cruauté.
Découvert à Paris vers 1950, il déchaîne un tel enthousiasme
que l'on parle d'une «ghelderodite aiguë».
À la suite de Paris, la Belgique et bien d'autres
pays découvrent l'oeuvre de cet écrivain fécond : une
soixantaine de pièces, une centaine de contes (dont
l'admirable recueil Sortilèges) et des milliers d'autres
écrits qui témoignent de son talent de chroniqueur
et d'épistolier.
Il serait sans doute entré à l'Académie royale de
Belgique s'il n'avait fait l'objet d'un très injuste
ostracisme lié à «l'épuration» de l'après-guerre. On
attend pour lui le prix Nobel de littérature de 1962
quand survient son décès.