Peut-on imaginer un destin plus exceptionnel et plus tragique
que celui d'Henry Dunant ? Confronté à l'horreur
du champ de bataille de Solferino, il sut tirer de ce traumatisme
un livre-témoignage - Un souvenir de Solferino - ainsi
que deux idées de génie - la Croix-Rouge et la Convention
de Genève - qui lui permettront d'accéder à la notoriété. Il
n'en jouira pas longtemps. En 1867, une faillite retentissante
le plonge dans la misère. Après avoir été invité à la
table des Grands, Dunant connaîtra la faim et l'humiliation
des habits rapiécés. Cette déchéance ne l'empêchera pourtant
pas de se faire l'avocat d'autres idées généreuses : la
protection des prisonniers de guerre, un projet de bibliothèque
universelle, les droits des femmes, l'arbitrage international,
etc. Après des années d'exil, d'errances et de privations,
il saura orchestrer une stratégie de reconquête qui
culminera en 1901 avec l'octroi du premier prix Nobel de la
paix. Il s'éteint à Heiden le 30 octobre 1910.
Cette courte biographie vise à présenter les aspects essentiels
du philanthrope : ses qualités de visionnaire, ses élans
d'enthousiasme et de générosité ; sans occulter ses égarements,
ses travers et le délire de persécution qui assombrit
ses dernières années. Elle vise surtout à rappeler l'héritage
de Dunant, qui fait honneur à l'humanité.