Les histoires écrites sous induction musicale constituent une méthode
spéciale de musicothérapie réceptive. L'attention des sujets n'est pas
focalisée consciemment sur la musique, mais sur l'invention d'une
histoire et sur la mise en forme littéraire, de sorte que la musique agit
plutôt au niveau préconscient ou inconscient. Issues de la prise en charge
psychothérapeutique d'adolescents à problèmes, chez lesquels elles permettent
d'exprimer et d'élaborer les vicissitudes de l'agressivité et du désir, les
histoires écrites sous induction musicale se sont
avérées être un outil fécond de thérapie, de diagnostic
et de recherche auprès de populations variées.
L'expérience clinique a montré que ces histoires fonctionnent
à la manière d'un test projectif et qu'elles sont complémentaires
par rapport au TAT. Des grilles d'analyse de contenu
originales, développées dans une perspective phénoménologico-structurale,
donc holistique, permettent de passer de
l'analyse qualitative à la quantification et à l'utilisation des
statistiques inférentielles non paramétriques. Ainsi, les histoires
écrites sous induction musicale peuvent être intégrées
dans les études d'évaluation de la musicothérapie ; leurs liens
avec les tests psychométriques et les schémas d'observation
en situation réelle peuvent être dégagés.
L'intérêt de la méthode est illustré à l'aide de données cliniques
et expérimentales. L'hypothèse d'une spécificité du
mode d'action de la musique selon l'organisation structurale
de la personnalité est discutée et l'esquisse d'une modélisation
théorique est présentée. Des résultats expérimentaux
issus de domaines variés, psychopédagogie, domaine social,
psychiatrie adulte, gériatrie, permettent de montrer la complémentarité
de la méthode par rapport à d'autres approches
et de dégager des pistes pour la recherche future.