Ce qu'il y a, avec les poètes, c'est qu'ils vivent dans le respect des choses précaires. Ils vont remarquer la couleur d'un mot. La musique d'un geste, d'un regard, d'un soupir. D'une feuille qui vole. Parfois une odeur qui monte en nous à les lire, une senteur comme de rose trop ouverte. La fragilité d'une fleur qui va se défaire, pétale à pétale. C'est évident mais discret, en fait. Bernard Bretonnière est poète, repérable aux premiers mots. Et je ne sais pas si vous avez remarqué mais les mots, avec lui, ne couvrent jamais l'événement. Et ils ne le corrompent pas davantage. Ses mots rêvent, se détachent, le laissant seul. Seul avec des yeux d'enfant qui cherche ses mots dans nos yeux à nous.
Jacques Serena