Sa beauté était parfaite et Villain son véritable patronyme.
Champion toutes catégories du charme masculin à l'écran, Jean
Marais a assis sa réputation d'acteur en disparaissant derrière
l'hideux et terrifiant masque de la Bête dans le film de Jean Cocteau,
son mentor, amant et ami. Arrivé au sommet de la popularité grâce
à de flamboyants films de cape et d'épée, comme Le Bossu, il fut en même
temps un intransigeant expérimentateur au théâtre ainsi que le fer
de lance des essais cinématographiques de Jean Cocteau. Comique
dans la série des Fantomas ou coqueluche des jeunes filles dans L'Éternel
Retour, s'engageant parfois dans d'authentiques liaisons féminines, il
n'en assuma pas moins avec sérénité son homosexualité, alors politiquement
incorrecte. Pas de doute, les paradoxes ne manquent guère
dans la vie bien remplie de Jean Marais. Ni les secrets de famille.
Né en 1913, à Cherbourg, il resta fort peu de temps dans la capitale
du Cotentin, enlevé brutalement par une mère abusive à un père
qu'il ne retrouva que bien plus tard. Ballotté de modestes pavillons
de banlieue en discrets appartements parisiens, l'enfant rebelle au
cursus scolaire catastrophique donna naissance à un jeune homme
ambitieux dont la soif culturelle sera apaisée par sa rencontre avec
Cocteau. Comédien renommé, certes, mais tout autant peintre,
écrivain, organisateur de spectacles, sculpteur ou potier... Jean Marais
ne se laissa jamais enfermer dans une discipline. Cette biographie
intime et éclairée retrace le destin exceptionnel d'un homme qui se
défendait d'être un monstre sacré et ne prétendait, selon ses termes,
qu'à devenir un bon «artisan». Aujourd'hui, il n'en demeure pas
moins une légende.