«Durant des mois, je vous ai lu, j'ai vécu avec vous, et
vous avez été l'objet de bien de mes pensées ; je savais
que, quoi que m'eût apporté ma journée, le soir, bien calé
sur mon lit et dans le creux de mon oreiller, je retrouverais
l'atmosphère bienveillante de votre chambre, les
lourdes tentures tirées devant la porte et les fenêtres
aux volets fermés, le grésillement de votre pipe d'opium
et les volutes bleutées s'élevant doucement vers le plafond,
avec aux murs les tableaux de Dalí, Max Ernst,
Dubuffet, veilleurs de vos songes étranges. Et pour peu
que je doive, pour dormir un peu, prendre un cachet de
morphine, j'aurais le sentiment de communier avec vous
dans la bousculade de mes pensées ; les mots auraient
un sens, et, pour une heure ou deux, je serais poète avec
vous.»
Dans la lignée du magnifique Dans ma peau, Guillaume
de Fonclare propose un portrait subtilement croisé avec
le poète Joë Bousquet, qui, paralysé durant la Grande
Guerre, produisit une oeuvre intense et fulgurante.