Le 23 mai 1960, le premier ministre israélien David Ben
Gourion, monte à la tribune de la Knesset pour une annonce
aussi brève que spectaculaire. Adolf Eichmann, le criminel
nazi, a été capturé quelques jours plus tôt en Argentine
où il se cachait et se trouve à Jérusalem pour y être jugé.
Ainsi débute l'un des événements les plus marquants de
l'histoire du jeune État d'Israël, qui prend immédiatement
une dimension mondiale. Après Nuremberg, après les
épurations qui ont marqué la sortie de guerre en Europe
durant près d'une décennie, le procès Eichmann qui s'ouvre
le 11 avril 1961 marque un nouvel épisode dans le jugement
des crimes nazis. Presqu'intégralement filmé, abondamment
commenté et controversé, il offre la parole à plus d'une
centaine de survivants et met en scène un accusé hors
normes qui participe aux débats. Le procès Eichmann est
ainsi le premier véritable face-à-face entre le criminel et
la victime, centrée exclusivement, pour la première fois,
également, sur le seul volet de l'extermination des Juifs. Il
érige la mémoire de la Shoah en problème public majeur en
Israël et au sein des communautés juives du monde entier,
même si c'est une décennie plus tard, dans les années
1970 que cette mémoire prendra une dimension universelle.
Ce catalogue reprend et complète l'exposition inaugurée en
avril 2011 au Mémorial de la Shoah, à Paris, qui a collecté
de très nombreux documents inédits sur l'histoire du
procès, sur les réactions dans le monde, sur la personnalité
d'Adolf Eichmann dont on sait désormais qu'il a été l'un
des responsables nazis les plus diserts après 1945.