Sur la colline de Montmartre, le lycée Rollin (aujourd'hui
Jacques-Decour) fut le creuset des parcours les plus stupéfiants
de la Résistance et de la collaboration françaises. Une
France miniature, où se côtoyèrent cancres et bons élèves,
collaborateurs et résistants de la toute première heure.
Berty Albrecht, Henri Alleg, Jean-Claude Brisville,
Jacques Decour, Jean-Toussaint Desanti, André Essel,
Yves Jouffa, Yvonne Le Tac, Edgar Morin, Jacques-Francis
Rolland, François Truffaut, et, après la guerre, Lucie
Aubrac, Jean-Louis Curtis, Boris Cyrulnik, Jean-Pierre
Vernant : tous sont passés par le lycée Rollin. Certains sauvèrent
l'honneur de la France, d'autres furent miliciens ou
Waffen-SS de la tristement célèbre division Charlemagne.
A la fois «fabrique» d'antifascistes et de collaborationnistes,
ce lycée fut un lieu à part, où cancres et surdoués connurent
des destins croisés, toujours extrêmes et souvent oubliés.
Il fut aussi une pépinière des mouvements artistiques et
intellectuels de l'après-guerre, tels que les Lettres françaises
et le «Groupe de la rue Saint-Benoît» pour la littérature ou
le mouvement de la Nouvelle Vague pour le cinéma.
Avec ce livre, Bertrand Matot, né en 1964, retrace une histoire
inédite de la France pendant la dernière guerre, nourrie
de témoignages exceptionnels et d'archives poignantes.
«Il y avait, à Rollin, plus d'électricité parisienne dans
l'air que dans les autres lycées : voilà sans doute pourquoi
il fut, pendant l'Occupation, "l'école de la Résistance".»
Patrick Modiano