«J'ai écrit Fifoche pour me rapprocher de mon père et La
possibilité du garçon pour me séparer de ma mère. La
tentation serait grande de vouloir tout expliquer, nuancer,
corriger ; de tenter, par le pouvoir de l'écriture, de retarder
un tant soit peu encore la tristesse des adieux. Mais
j'imagine déjà l'énervement de mon père, piaffant d'impatience
à l'idée de rater le train pour l'au-delà, et j'entends
presque les cris de ma mère, consternée à la perspective de
devenir un fantôme, elle qui, de son vivant, a tant cherché
à être un peu moins hantée par l'angoisse. Alors je m'abstiens
et je mets un point final à ces textes que j'ai écrits pour
pouvoir vivre une autre vie, une vie sans eux. Quoique...»
Deux textes composent ce récit. Le premier, Fifoche, est
dédié au père du narrateur. Le second, La possibilité du
garçon, est consacré à sa mère. Ce diptyque constitue
l'hommage douloureux mais apaisé d'un fils unique à ses
deux parents, dont l'amour débordant et merveilleux en
est venu peu à peu à le fragiliser. D'un côté, un père âgé,
fantasque et permissif ; de l'autre, une mère anxieuse, protectrice
et fusionnelle.
Ce très beau témoignage, vibrant et émouvant, se partage
entre confession, psychanalyse et poésie. Avec une grande
justesse, Vincent Flamand a mis en mots la joie, la détresse
et les paradoxes de tout amour filial.