Dans cet essai - qui se lit comme un roman -, le grand
historien de la Révolution désensorcelle la sorcière : il
la réhabilite, en montrant qu'elle n'est que le résultat
d'une époque. Dans la société féodale du Moyen Âge,
elle est l'expression du désespoir du peuple. À travers
la sorcière, c'est à la femme que Michelet s'intéresse :
elle dont la servitude absolue la conduit à transgresser
les règles établies par l'Église et le pouvoir. Il met en
avant sa féminité, son humanité, son innocence : ce par
quoi elle subvertit tout discours visant à la cerner. En
l'arrachant aux terrifiants manuels d'Inquisition et aux
insupportables comptes rendus de procès, en faisant
sentir ce qu'il y a d'insaisissable dans la figure de la
sorcière, il la rend à sa dimension poétique.