Nous sommes envahis de messages, d'images et de discours qui nous persuadent de la violence de notre monde. Paradoxalement, il n'a peut-être jamais été moins violent qu'aujourd'hui... Derrière le spectaculaire des événements, la violence est une réalité multiple, mouvante, et parfois insaisissable : certaines violences sont manifestes, d'autres marchent à bas bruit, comme les paroles insinuantes de lago détruisant peu à peu l'âme d'Othello, comme le contrôle sur les âmes et les corps qui « violent » nos libertés. Même les formes les plus visibles de la violence, même les guerres ne sont pas des phénomènes monolithiques : le droit, les pratiques, la fonction politique de la guerre lui donnent un sens qui ne se réduit pas à des opérations militaires, et qui supposent une analyse conceptuelle. On peut justement attendre de la philosophie, non qu'elle mette fin à la violence, mais qu'elle nous aide, en la conceptualisant, à la mettre quelque peu à distance. N'oublions pas l'antique définition du diable : haineux certes, mais aussi impuissant et ignorant. Ne confondons pas violence et puissance...