Julien Gracq est sans conteste au nombre des écrivains que
j'admire le plus. Je l'ai découvert au lycée en 1976. Je l'ai lu
ensuite et l'admiration s'est installée, inentamable. Je lui ai
écrit plus tard et j'ai écrit sur son travail.
Ma première visite à Saint-Florent-le-Vieil, sur les bords de
la Loire, remonte à février 1992. D'autres l'ont suivie, régulières,
ferventes. Un jour - c'était en février 1998 - j'ai
éprouvé le besoin de raconter le cours d'une de ces journées
désamarrées du flux ordinaire des jours. Comme cela, sans
désir d'effraction, loin du prosaïsme du reportage, simplement
pour rendre témoignage. C'est le sens de ce récit qui narre
quelques heures entre deux trains, au bord du fleuve, un
jour d'hiver glacial et lumineux, en compagnie du dernier
des très grands, quelques heures magnifiques et aimantées
qui restent pour moi comme une leçon de littérature et de
vie.
Philippe Le Guillou