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Un ouvrage intéressant qui reprend le point de vue d’un militaire avant la Première Guerre mondiale
Loin de l’idée reçue d’un XIXe siècle marqué par une phase de paix entre les guerres de Napoléon et la Grande Guerre, la correspondance familiale de l’officier du génie Ernest Ballard témoigne de la violence des premières phases de la conquête de l’Algérie en 1831 et 1841 qu’il décrit à ses parents. Reparti en Méditerranée orientale en 1855, le capitaine Ballard, désormais officier d’état-major relate à son épouse l’expédition de Crimée, de son départ de Marseille à son débarquement à Constantinople, puis de Sébastopol au camp de Traktir.
Ce témoignage épistolaire inédit est d’autant plus exceptionnel que ce polytechnicien est un adepte du fouriérisme, actionnaire de l’Union agricole du Sig près d’Oran, lecteur de la Démocratie pacifique de Victor Considérant.
EXTRAIT
Alger, le 21 novembre 1831 Ernest à sa sœur Louise Ballard
On m’a rappelé à Alger pour être meunier, c’est à dire surveiller les travaux que l’on avait à faire à des moulins que l’on avait établis depuis six mois et qui ne vont pas. Depuis mon arrivée, je n’ai eu le temps de connaître que le chemin d’Alger aux moulins et pas autre chose. Enfin, imagine-toi que je n’ai pas seulement vu la Casbah, c’était cependant le moins qu’on pouvait faire, de sorte que je ne t’apprendrai presque rien de ce pays. Je ne me suis trouvé qu’une seule fois l’occasion de parler bédouin, langue épouvantable, à laquelle personne ne mord ; il est très peu de personnes dans l’armée qui l’entende et encore moins qui la parle. Mais si les personnes qu’on rencontre ont une figure française, il n’en est pas de même des maisons qui ont une tournure algérienne et qui ne ressemblent en rien aux nôtres. Toutes les fois qu’on aperçoit une maison ayant des fenêtres de plus d’un pied carré, on peut dire qu’elle n’est pas habitée par des naturels du pays, qui n’ont que de très petits jours, grillagés dans la rue et placés à un pied au-dessus du sol des appartements. C’est derrière ces jours que les Algériennes se mettent pour regarder les passants, ce qui est le seul délassement pour elles.