Long de 1 300 kilomètres, le golfe Persique - selon l'appellation traditionnelle - ou golfe
Arabique - pour les Arabes - est une zone géopolitique dont l'importance ne date pas de
la découverte des gisements pétroliers au début du XXe siècle et surtout dans l'entre-deux-guerres.
La ligne de front entre l'Empire ottoman et l'Empire perse s'étendait en effet
sur toute la longueur du Golfe, puisque les Turcs contrôlaient en principe les côtes
d'Arabie. Et c'est à la suite de l'arrivée des Anglais dans la région, à la fin du XVIIIe siècle,
que ceux-ci passèrent, en 1823, des accords avec les ports arabes de la côte ouest du
Golfe, la «côte des pirates» devenant la «Trucial Coast» (côte de la Trêve). C'est l'origine
des sept émirats qui ont constitué la Fédération des Émirats arabes unis au départ les
Britanniques en 1971.
Comme l'explique ce numéro d'Hérodote, les événements contemporains ont fait de
la région une zone majeure de tensions géopolitiques : révolution khomeyniste en Iran
(1979), suivie par l'embargo décrété par les Américains, guerre Irak-Iran (1980-1988),
puis invasion du Koweït et «guerre du Golfe» (1990-1991). La Ve flotte de l'US Navy a
établi son QG à Bahreïn ; et c'est au Qatar que, depuis l'invasion américaine de l'Irak
en 2003, est basé le «quartier général avancé» du Centcom, qui dirige les opérations de
l'US Army dans tout le Moyen-Orient.
Les Émirats arabes unis, malgré tous ces bouleversements, ont connu une croissance
économique considérable, du fait des profits pétroliers, mais aussi des diverses spéculations
financières. Les super-gratte-ciel qui s'élèvent sur la mer et le désert veulent proclamer
la vision d'une mondialisation centrée sur les marches de l'Asie et du monde
arabe. Reste à savoir comment la crise financière mondiale va se traduire dans les
Émirats et comment vont évoluer les rapports de forces entre l'Iran et les États-Unis.