Les hommes politiques, depuis des années, prennent des cours d’expression corporelle, se font entraîner par des acteurs professionnels, répètent leurs discours au magnétoscope. Cette possibilité de mettre en scène sa propre vie, personnelle aussi bien que professionnelle, est accessible à tout un chacun, pourvu que l’on en connaisse les principes de base et les outils essentiels. Maîtriser sa respiration, apprivoiser le silence, savoir s’adresser à un groupe, adopter la bonne position lorsque l’on parle, poser sa voix, pratiquer l’introspection… telles sont quelques-unes des techniques développées. Mais Le théâtre de l’âme n’est pas un ouvrage destiné à nous apprendre à tenir les mille rôles de composition que nous nous croyons contraints de jouer chaque jour : il nous invite avant tout, beaucoup plus profondément, à maîtriser notre propre rôle, à être pleinement nous-mêmes à tout instant et dans toutes nos dimensions. Jouer sur la scène de ce théâtre où Alain Valade nous dirige, c’est au fond accepter d’aller vers une certaine transparence de l’âme, de nous débarrasser de fausses carapaces qui ne trompent que nous, de nous voir enfin comme les autres nous voient, c’est-à-dire de ne plus jouer à faire semblant. En un moment de notre histoire où nous sommes tant surchargés de signes insensés, de réalités médiatisées, d’analyses éperdues, jeter le masque et retrouver l’immédiate nudité d’une relation sans fard n’est pas un choix esthétique mais une nécessité vitale.

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