L'école est source de débats multiples. Les experts
se bousculent aux portes d'entrée des commissions
en tout genre, ils diagnostiquent et prescrivent
; les politiques pérorent, flattent les préjugés
réactionnaires ou «modernistes» de leur clientèle
électorale ; les syndicats en place proposent et
négocient dans le cadre d'une cogestion du système.
Bref, l'école ressemble à un chantier permanent
sans cesse en réfection. Les médias, qui mettent
en scène ces voix, s'efforcent de faire croire
que les enjeux s'expriment à travers des oppositions
aussi spectaculaires que factices : républicains
contre pédagogues, libéraux contre étatistes,
partisans de l'enfant au centre, adeptes des
programmes d'abord... Ainsi, sous le bric-à-brac de
paroles et d'informations hétéroclites et partielles,
l'école devient une réalité virtuelle.
Cet ouvrage propose d'écarter ce rideau de fumée.
Plutôt que de partir d'idéologies, l'auteur s'appuie
sur une expérience professionnelle, militante donc
réflexive de l'école. Il met à nu le mécanisme
moteur des politiques éducatives des gouvernements
successifs, sans s'interdire, si besoin, des
coups d'oeil rétrospectifs. Il sonde des pratiques
pour y trouver le fil conducteur de la conception
dominante de l'éducation. Dérangeant, car pointant
les faux-semblants, l'ouvrage vise à une lucidité
afin d'y ancrer un syndicalisme qui reste à
construire.