Le débat récurrent autour des trente-cinq heures, le problème
toujours d'actualité des délocalisations industrielles traduisent
l'importance que revêt aujourd'hui la question du travail pour
les sociétés humaines. Sans perdre de sa dimension de lutte
quotidienne de l'homme pour échapper à l'esclavage de la nature,
le travail a connu en effet des mutations profondes à la fois
dans le temps et dans l'espace. Sous l'effet de l'industrialisation,
les qualifications ont évolué ; la rationalisation a progressé
(introduction du chronométrage, taylorisme, fordisme, système
Bedaux), le salaire a été redéfini et la jurisprudence a modifié la
lecture du droit du travail.
Objet de représentations multiformes, le travail est aussi l'enjeu
des stratégies d'acteurs : les entreprises sont ainsi passées du
paternalisme à la promotion de la culture d'entreprises. Certaines
ont même repensé l'espace afin de créer une nouvelle harmonie
entre travail et capital. Sont concernées les PME, mais aussi le
secteur public et parapublic. Ces représentations et ces stratégies
se sont particulièrement focalisées autour de questions comme les
conventions collectives ou le modèle américain de productivité.
Il existe une grande diversité de situations selon les secteurs,
les entreprises et les métiers. Sur les chantiers, la mobilisation
d'effectifs nombreux et la difficulté technique des réalisations ont
conduit à des risques élevés d'accidents du travail. Le savoir-faire
ouvrier a permis aussi un fonctionnement satisfaisant des
services publics et la recherche de l'excellence dans le travail.
Mais le progrès des techniques a provoqué aussi des mutations
douloureuses. Même dans les services, la professionnalisation
s'est affirmée : ainsi dans les Caisses d'épargne ou à la Poste,
autour de la figure emblématique du facteur rural.