Au sein des quatre grandes catégories historiques d'enfants
sauvages recueillis par une nourrice animale, à savoir,
enfants-loups, enfants-singes, enfants-ours et enfants-gazelles, tous
les cas de ces deux dernières sont faux, abandonnant la rarissime
authenticité à la louve et à la femelle orang-outan. Certes, la forêt
fut le plus vaste orphelinat de l'histoire de l'humanité, certes,
la louve présente fréquemment un désordre endocrinien,
la pseudogestation ou "grossesse nerveuse", qui pourrait la
conduire à allaiter un nouveau-né abandonné dans les bois ;
toutefois, cette potentialité biologique, qui est formelle, subit
souvent le désaveu des archives ou d'une enquête sur le terrain.
Un cas présentant une certaine authenticité - un jeune garçon
grièvement brûlé lors de l'enfumage de sa tanière, en 1872 -
est contemporain de famines majeures : lors, en faisant expirer les
parents par millions et en multipliant le nombre d'enfants en état
d'abandon, des drames d'une telle ampleur, à l'exemple des
guerres, ont favorisé cette potentialité, car l'adoption d'un
nourrisson par une louve en état de pseudogestation est un accident
statistique relevant de la loi des grands nombres.