Les échanges religieux franco-italiens de 1750 à 1850 ? L'objet
ne s'impose pas à l'évidence. Pourtant sa cohérence se justifie par
la période choisie : enjamber la période révolutionnaire permet de
restituer des mouvements de fond de la vie de l'Église aux prises
avec des débats totalement inédits dans le cadre d'une Europe en
bouleversement. De l'Aufklarung au tournant intransigeant, il y a
bien ici un temps crucial de l'évolution de la catholicité caractérisé,
notamment, par son recentrage autour de Rome, comme le rappelle
la couverture de cet ouvrage. Il ne s'agissait pas de revenir sur les
événements eux-mêmes ; les aspects diplomatiques et politiques,
mieux connus, ont été écartés. Les organisateurs ont voulu privilégier
une approche dynamique selon le principe des flux : mouvement des
hommes et des femmes, des doctrines, des dévotions, des pratiques,
des institutions, etc. avec une attention marquée à la notion de
réseaux qui les canalisent. La période envisagée, du milieu du XVIIIe
siècle au milieu du XIXe siècle, se révèle alors dans son unité, en dépit
de - ou grâce à - la rupture révolutionnaire. Elle fut, notamment,
un temps de maturation des positions de l'Église catholique et de
réorientation de la vie religieuse face aux profondes transformations
contemporaines, de la réaction aux Lumières jusqu'aux événements
décisifs de 1848-1850. En somme, il s'agissait de saisir les évolutions
en termes de diffusion et de réception de modèles et de traditions,
profondément enracinées ou réinventées. Les échanges de toutes
natures, dont il n'était pas question ici de dresser l'inventaire,
participèrent bien à nourrir la réponse catholique aux défis multiples
d'un siècle de mutations accélérées.