Six nouvelles impeccablement (dé)réglées, impitoyablement
logiques, sur le fil de la dinguerie
et de l'absurde, pour découvrir un écrivain singulier
chez qui l'exploration des solitudes et des
angoisses déclenche un rire curieusement réconfortant.
Il y a en effet dans l'étrangeté des histoires
courtes de Véronique Bizot une familiarité
inattendue, une qualité de décalage qui parachèvent
leur charme, au sens sorcier du terme.
Sa prose d'une simplicité trompeuse cultive le
paradoxe : plus c'est noir et plus on rit, plus c'est
bizarre et plus on s'y reconnaît. Alien tranquille,
insoupçonné, Véronique Bizot feint parfaitement
la normalité pour mieux traverser les apparences.
Et, ce faisant, attaque de front sans jamais les
nommer ni les surligner les terreurs les plus
sombres, les tortures les plus intimement métaphysiques.
Car il n'y a pas de doute : tout ce
petit monde creuse sa tombe comme on taille
des haies. Nous sommes tous des jardiniers.