Tous reconnus ! Tel paraît être le mot d'ordre
contemporain, qui traverse l'espace intime
comme les luttes politiques. Chacun considère
aujourd'hui qu'il possède des droits
inaliénables, parmi lesquels celui de faire
«reconnaître» son identité et sa différence
- sexuelle, ethnique, religieuse, politique. Les
singularités ne sont plus cachées, mais revendiquées.
Cela ne veut certes pas dire qu'elles
sont toutes effectivement reconnues. Au
contraire, cette revendication semble motivée
par l'expérience du «déni de reconnaissance»
qui prend des formes diverses :
mépris social, absence de respect, souffrance
au travail.
Ce livre se propose de retracer la généalogie
philosophique de cette revendication de
reconnaissance et d'en présenter les principales
réactualisations dans le champ du travail,
de la justice sociale et des politiques
multiculturelles. Il expose également les
limites du paradigme de la reconnaissance,
en présentant les principales critiques qui lui
ont été adressées.