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2013, l’an 37 après Steve Jobs. Facebook vient d’entrer en Bourse avec une valorisation de cent milliards de dollars, Apple va le faire bientôt pour dix fois plus. Les jeunes, brillants et fougueux, patrons de la Silicon Valley promettent au monde entier, pour son bien, rien de moins que l’ultime révolution, non sanglante. Une nouvelle façon de vivre, de commercer et de communiquer : plus vite, tout le temps, avec tous.
Dans le vieux monde et dans ses vieux métiers, on s’ennuie ferme et surtout, on gagne petit. Alors, comme tant d’autres, Anna Wiener, vingt-cinq ans, quitte un emploi frustrant dans l’édition new-yorkaise et s’envole pour San Francisco et ses start-up spécialisées dans le Big Data. Elle plonge dans le monde merveilleux de l’hyper-productivité souriante, de l’efficacité extravagante et de l’immédiateté surréaliste, aux mains de jeunes gens qui jonglent avec les millions et le verbe disrupter. On aurait dû se méfier. En anglais, il veut dire détruire. Que faire ? Invoquer le mantra « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » ? Mais qui a lu Rabelais ? Et, de toute façon, dans la Vallée, personne ne vous entend crier.
Alors, Anna raconte, incisive, tantôt sardonique, tantôt candide, ses découvertes. Elle retrace le passage insensible de l’industrie de la Tech du statut de sauveur du monde autoproclamé à la tragique réalité de menace pour la démocratie doublée d’un rival de Wall Street. Son livre est un rare témoignage à la première personne qui pourrait s’intituler Les Illusions perdues 2016 – année de l’élection de Donald Trump, catastrophe dans laquelle les révolutionnaires susnommés ne sont pas innocents.