La société du spectacle travaille à définir
les contours de la réalité légitime.
Elle donne une image respectable aux
dominations de classe et sélectionne
les agents qui, d'affrontements factices
en consensus postiches, en gouvernent
la reproduction idéologique et matérielle,
à bonne distance des perturbations
populaires. Ainsi se forme l'hégémonie
culturelle. Le développement d'Internet
change la donne : la multitude s'approprie
les moyens de se représenter, les paroles
installées essuient le feu des critiques,
des contre-discours d'information
émergent. Diffusant leur propre récit
des événements, les mobilisations sociales
débouchent parfois sur des révolutions.
Les médiations traditionnelles, contrôlées
par la bourgeoisie du verbe, sont prises
à revers. L'espace public s'ouvre au conflit.
Mais déjà le pouvoir recompose son
oppression, transformant les libertés
numériques en leurres : ici pour vendre,
là pour espionner, ailleurs pour réprimer,
toujours dans le but de dissuader les
pratiques dissidentes qui commencent
à se répandre sur la toile. La guerre
de mouvement reprend son cours. Son
issue sera politique.