"Il existait autant d'histoires à son sujet que de personnes
pour les raconter. Cela tenait au fait qu'il préférait laisser
parler les autres à sa place. Ses proches eux-mêmes peinaient
à discerner le vrai du faux ; leur imagination prenait parfois
le dessus, au point que les détails les plus élémentaires
de sa biographie feraient toujours débat de longues années
après son départ de la ville. Il était originaire du Wyoming,
ou bien du Kansas. Il avait fait ses études à l'Université du
Texas, ou du Wyoming, ou de Stanford, ou de Princeton,
et obtenu un master en génie biomédical, ou en chimie,
ou en ingénierie mécanique, ou en géologie. Ce n'étaient
là que des rumeurs, mais toutes comportaient un fond
de vérité, dessinant les contours d'une vie qui susciterait
la perplexité générale à Telluride. Chacun se demanderait
comment et pourquoi on avait pu les berner de la sorte."
James Hogue est un personnage caméléon. Ce coureur
de fond s'est inventé au fur et à mesure de son existence
de multiples identités. David Samuels nous livre un
portrait éclaté qui rend hommage à la complexité du
personnage, notamment par le témoignage de victimes
flouées ou trompées par ce menteur hors du commun.
En s'immergeant dans son histoire trouble et touchante,
l'auteur finit lui-même par s'interroger sur la mince
frontière qui le sépare de Hogue : et si nous étions tous
potentiellement des menteurs, qui n'oseraient simplement
pas sauter le pas ?
Éditeur du magazine Harper's, David Samuels
contribue également au New Yorker et à The Atlantic.
Ses reportages le placent parmi les figures incontournables
du journalisme littéraire américain.
"Samuels représente l'excellence
du journalisme narratif."
The New York Times Book Review