Si le Journal de Mercier du Rocher était curieusement resté inédit,
c'est sans doute parce qu'il constitue une chronique particulièrement
mordante et souvent drôle des moeurs dépravées de la bourgeoisie
fontenaisienne sous Napoléon.
Mais surtout, grâce à l'ancien révolutionnaire, nous pénétrons
les mystères de la pacification de la Vendée, après tant de malheurs.
La logique en effet était que d'un côté les anciens rebelles, raidis dans
leur refus, basculent massivement dans la Petite Église. Et que de
l'autre les parvenus de la Révolution s'agrippent à leurs postes et à
leurs nostalgies.
Une sorte de conspiration d'hommes de paix est cependant à
l'oeuvre. Les uns entreprennent de sauver le catholicisme en le détachant
de l'Ancien Régime, et leur audace est couronnée par le
Concordat de 1801. De l'autre côté Napoléon, las de voir son administration
otage des anciens révolutionnaires, décide le 25 mai 1804
de faire de La Roche-sur-Yon, alors un village de 650 habitants, sa
nouvelle préfecture en plein coeur de la Vendée.
Ainsi les liens mystérieux entre Napoléon et les Vendéens s'éclairent-ils
d'un jour nouveau. Et l'on comprend pourquoi finalement
les insurgés de 1815 décident, pour résister l'invasion de la France, de
faire front commun avec les troupes impérialistes.
Napoléon et les Vendéens : une paix des braves, une véritable
paix des coeurs.