Bossuet a composé sa première oraison funèbre à vingt-huit
ans (1655). Il y en a eu dix, l'auteur a publié les six
dernières, consacrées à de grands personnages, en 1689,
à l'époque du plein épanouissement de sa personnalité.
Ce genre a connu un immense développement (et n'est
pas complètement mort). Il a ses règles : l'orchestration
du deuil, expression de la douleur et déploration, en un
temps où on aimait les émotions collectives. Puis l'éloge
du défunt, cher à l'orateur comme à son public et la
volonté d'instruire les fidèles dans l'art de bien mourir ;
enfin, des questions d'actualité, parfois brûlantes. Si
Bossuet triomphe dans ce genre, ce n'est pas seulement
par la magie du style, mais aussi parce qu'il a affaire à des
personnages de premier plan, qu'il a bien connus ; sa
douleur est personnelle ; il ne cache pas son émotion. La
mort, selon Bossuet, démasque tous les vices : ce qui
compte, c'est l'immortalité.