Envoyé spécial du journal turinois La Stampa, Corrado Alvaro, écrivain italien et
grand voyageur européen, effectue en 1950 un séjour de plusieurs mois dans la capitale
française. Ses articles n'obéissent qu'en partie aux règles du compte rendu quotidien.
Des noms de personnalités parisiennes appartenant au monde des arts ou de la culture -
Jean-Louis Barrault, Maurice Chevalier, André Malraux parmi tant d'autres - apparaissent
bien sous sa plume mais ce n'est pas tant l'actualité qui fascine Alvaro que ce qui
dissimule l'imagerie traditionnelle. Il décrit ce qui s'agite dans les coulisses d'une ville
dont il perçoit les dernières traces campagnardes. Il s'intéresse à certains moments
particuliers où l'artifice et la représentation laissent la place à une authenticité plus
douloureuse.
À côté de l'évocation attendue des défilés de mode ou de cabarets typiques,
Alvaro propose un portrait plus intime de Paris, nous promenant dans ses rues et sous
ses ponts, nous restituant avec une attention non dénuée d'humour quelques bribes
d'existence d'ouvriers au moment de l'embauche ou de marins remontant la Seine sur
leurs péniches.
La lecture de ce témoignage laisse au lecteur d'aujourd'hui une impression étrange
: comment un écrivain méridional, fils de paysans calabrais, a-t-il pu saisir avec
autant de finesse le trop célèbre «esprit parisien» et l'enrichir de significations affinées
à chaque nouvelle rencontre ?