C'est l'heure où se forgent les faux souvenirs ;
où une inquiétude sans nom fait trembler l'air au-dessus
des chandelles ; où l'on voudrait pouvoir
descendre dans cet abîme virtuel qui se creuse au
centre de l'être, ce vertigineux abîme sur lequel
on se contente, peureux, de lancer une passerelle
de mots pour se donner l'illusion de nommer ce
qui est, terrible, à jamais innommable et sans
fond. (la Chose)
Plus inquiet que Reverdy, moins exotique que
Michaux, proche aussi d'un R. Juarroz, René Pons
porte ici à une sorte de perfection dans l'amertume
l'art du poème en prose.