Peregrinari, ou «voyager à l'étranger». Comme un souffle de vie
qui me happe hors de l'ordinaire et me plonge dans un temps autre,
dans un espace nouveau. A la croisée du connu et de l'inconnu sur
des routes à la rencontre des autres, étranges étrangers.
Dans des contrées proches et lointaines j'ai croisé des peuples
invisibles, hors des moyennes statistiques rassurantes, à l'écart des
visées politiciennes, expulsés des fiertés nationales. Perdants de
naissance le plus souvent. Ils vivent entre maisons d'ombre et terres
sèches, en excroissance des villes, en bordure de lumière «civilisée».
Dans le manque ou la marginalité. Ils vivent aussi dans des ailleurs
insolites à notre entendement. En dehors des normes occidentales qui
jaugent gestes et paroles à leur seule mesure. Déformés et défigurés
par les préjugés et les clichés. Du Tchad en Chine, du Brésil au
Japon, de Calabre en Europe moyenâgeuse.
En pérégrinant j'ai cultivé la curiosité et le goût des mondes
comme un mode de vie, les yeux ouverts sur les dimensions cachées
de l'univers. Vibrant aux rencontres improbables si précieuses. Une
manière de réenchanter la vie en faisant vivre et danser les mots.