Parallèlement à la montée en puissance des pouvoirs locaux, réémerge à Paris
la notion de village. Si cette idée relève d'une vue de l'esprit et d'un désir de
«labellisation» des citadins modernes en quête de patrimoine et d'identité, elle
n'en demeure pas moins obscure par bien des aspects. Notamment lorsque
l'historicité, la symbolique et les mythes se confondent pour rejoindre l'actualité
parisienne en la transcendant à travers une appropriation spatiale, voire sociale,
dans des concrétisations identitaires pas toujours bien définies et dans des
mobilisations collectives parfois très ambiguës.
Tandis que, sous couvert du «village dans la ville», ces phénomènes se
devinent dans certaines rues commerçantes des quartiers du centre de Paris, ils se
concrétisent aussi et surtout dans des lieux qui furent de véritables villages avant
d'être annexés en 1860. Situés dans les arrondissements périphériques, du 12e au
20e, ces espaces «en devenir» sont en effet au coeur des préoccupations citadines
actuelles et soulèvent des interrogations majeures dans la ville actuelle. Ils méritent
en ces termes qu'on s'y attarde.
C'est par l'approche de ce qui fait le quotidien de quinze villages et écarts de
village de la Petite Banlieue d'autrefois et à travers le ressenti, les représentations
et l'identification que ces lieux font naître chez certains de leurs habitants que
l'auteur tente de brosser le portrait vivant de ces espaces, mais aussi certaines des
contractions urbaines qu'ils inspirent et ce qu'ils aspirent à être dans la ville de
demain.