Toute satire suppose une certaine dose
de cynisme ; c'est en quoi certains la
vouent aux gémonies. Mais le cynisme
n'est à tout prendre que l'effort d'une
lucidité qui cherche à se protéger de
l'anesthésie que dispensent les beaux
- et bien sûr bons - discours.
Lucidité ? Oui, si le trait satirique a
pour fin de dire cette part d'insupportable
dont s'arrange notre réalité.
Oui encore, s'il s'agit de tourner en
dérision les pitoyables tentatives, morales
et politiques, de rendre acceptable
l'inacceptable. C'est de cela qu'il
est question dans ce texte qu'il faut lire
comme un pamphlet.
Organiser en grand le commerce des
organes, développer l'expérimentation
de laboratoire sur les êtres humains,
encourager la prostitution et le commerce
des enfants : tels sont ici les remèdes
proposés à la misère... On y reconnaîtra,
tant dans le ton que dans la
logique de l'horreur, l'influence très
évidente de Swift.