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En ¿Qué fue de los intelectuales? Enzo Traverso plantea, desde el título mismo, la preocupante ausencia del intelectual en la escena contemporánea. Y reseña, en una formidable síntesis, la actitud crítica de escritores y periodistas comprometidos frente a las coyunturas políticas e ideológicas que marcaron el siglo XX, desde la Guerra Civil Española hasta la lucha por los derechos de las minorías. Con el fracaso de los socialismos reales y la caída del Muro de Berlín, se cierra un ciclo marcado por la utopía del comunismo y se abre otro, que rechaza el ideal revolucionario e impide el debate de ideas, bajo un neoconservadurismo tibio e insípido. Los intelectuales de hoy son gerentes de marketing o asesores de imagen de los partidos políticos, y "expertos", como los politólogos o los economistas neoliberales que recorren los paneles televisivos desplegando gráficos, encuestas de opinión y jerga técnica, pretendiendo una neutralidad engañosa. También son estudiosos que, ante la falta de futuro, se abocan a elaborar la memoria. Frente a este horizonte empobrecido, Traverso propone que los pensadores y los investigadores preserven su autonomía crítica y, sobre todo, puedan superar la "especialización" en campos estrechos, para así interrogar y cuestionar el orden del presente. Las derrotas del pasado no pueden ser excusa para aceptar un sistema que sigue siendo injusto y desigual. Contra un "humanitarismo" generalizado, que se presenta como la virtud postotalitaria por excelencia y la única ideología permitida en una época que ambicionaría ser "postideológica", Traverso demuestra que el pensamiento disidente no ha desaparecido del todo, y que tiene el potencial para reinventarse en un contexto nuevo, construyendo articulaciones con los movimientos sociales, hoy huérfanos de proyecto, y con los gérmenes de nuevas utopías.