Cette nouvelle biographie se distingue autant par un constant
recours aux sources, certaines inédites, qui confirment combien
Wagner s'est nourri des aspirations et des innovations de son
temps, que par une fréquentation intime de l'oeuvre musicale et
des ouvrages écrits ou consultés par le compositeur, sans oublier
enfin de fréquentes visites des lieux fréquentés par le maître.
Les idées et les forces de Wagner se dessinent au contact de
l'Histoire. La politique, si présente dans les débuts (Wagner participe
aux révolutions de 1848-49 et subit un exil de douze années),
s'assourdit ensuite mais joue un rôle majeur dans l'élaboration
des grandes oeuvres. Wagner nous invite lui-même à porter toute
notre attention à ses idées. Il multiplie les essais et traités de théorie
musicale. Il rédige le livret de ses opéras, compose des poèmes.
Sa correspondance, immense - plusieurs lettres par jour -, aborde
tous les sujets et constitue une mine pour les historiens du XIXe siècle.
Faisant table rase de l'opéra traditionnel, il crée un nouveau
genre, le drame musical. Il renouvelle l'art de la mise en scène, la
disposition de l'orchestre. Il fonde la tradition des festivals. Son
activité débordante, la conscience de son génie, son égotisme, son
antisémitisme (qui le brouille avec Nietzsche) le rendent parfois
insupportable.
En retraçant la vie si remplie de Wagner, Danielle Buschinger,
ressuscite un monde bouillonnant de passions, d'idéaux, de
débats, de combats, qui nous happe et nous envahit comme la
mort d'Isolde ou encore la conclusion symphonique de la
Tétralogie avec le «motif de la rédemption», de la rédemption par
l'amour !