Les éditions E.M.E. «Sources d'Homme» en Belgique ont accepté de donner
une voix à un témoin clé du drame de 1994, un témoin oublié dans sa prison
au Mali après avoir été condamné à la perpétuité comme «planificateur»
et orchestrateur du génocide, alors qu'issu de l'opposition démocratique, il
s'apprêtait le 7 avril 1994 au matin à s'envoler pour le Sénégal et à y participer
à un séminaire sur le crédit rural au départ de son expérience de responsable
des Banques Populaires au Rwanda.
Donner une voix à Jean Kambanda aujourd'hui revêt d'autant plus de
signification que celui-ci enfermé dans une procédure douteuse de
«plaidoyer de culpabilité» n'a pu bénéficier d'aucun procès équitable avec
le concours d'une défense indépendante et de confiance, lui permettant ainsi
de faire valoir sa vérité sur les événements et de répondre de façon concrète
à des faits précis.
On a assisté à l'éparpillement des procédures relatives aux différents membres
du gouvernement à la mise en isolement absolu du premier ministre hors du
siège du tribunal d'Arusha, durant plus de huit mois, en 1997 et 1998, au
recours in extremis à un avocat imposé par le Procureur adjoint de l'époque
et à l'obtention abusive d'un aveu sur des crimes que Jean Kambanda n'a pas
commis ou n'était pas en mesure de commettre. Cela a finalement permis
d'escamoter la tenue d'un grand procès public de l'exécutif intérimaire
rwandais, un procès équilibré reposant sur des investigations systématiques
tant à charge qu'à décharge.
Les éditions E.M.E. «Sources d'Homme» souhaitent par cette publication
éclairer un aspect trop méconnu de l'apocalypse de 1994, grâce à un témoin
privilégié qui reconnaît pleinement le génocide et la nécessité pour chacun
d'assumer ses responsabilités personnelles au cours des événements.