Né quelques années avant l'avènement du
Second Empire, d'un père porion décédé
suite à un coup de grisou, quelques mois
avant sa naissance, Jean-Baptiste Dumay,
entre à l'usine Schneider, à l'âge de 13 ans.
L'Usine, ce n'est pas seulement un lieu
mais un système qui avale tout et réduit
à l'état d'esclaves ceux qui y travaillent. La
ville entière, Le Creusot, est sous la coupe
du patron. D'emblée, Dumay va s'opposer
à ce capitalisme industriel en plein essor,
et lutter pour les droits des ouvriers.
«Dumay, Schneider : le plus représentatif
des face à face», comme le dit si justement
Ernest Labrousse dans sa préface à la
première édition des Souvenirs.
Dès lors, militant ouvrier infatigable, d'une honnêteté intellectuelle et d'une
rigueur morale dans le combat que même ses plus farouches adversaires lui
reconnaissent, Dumay ne cessera de lutter pour la justice sociale, inséparable
pour lui du rétablissement de la République et de sa défense.
Nommé maire provisoire du Creusot lors de la chute de l'Empire, il doit s'exiler
en Suisse, quelques mois plus tard, pendant huit longues années, après l'échec
de la Commune qu'il avait proclamée dans sa ville. Il retrouvera à Genève de
nombreux militants socialistes et républicains avec lesquels il a combattu,
Benoît Malon entre autres avec qui il s'est lié d'amitié.
De retour en France après l'amnistie, il s'établira à Paris, où il sera élu municipal
à Belleville, puis député, l'un des seuls députés ouvriers de la nouvelle Chambre.
Lassé des querelles au sein du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire auquel il
appartient, il prendra peu à peu ses distances avec la politique et terminera sa
vie professionnelle comme régisseur de la Bourse du travail.
C'est entre 1902 et 1926, année de sa mort, que Jean-Baptiste Dumay écrit ses
Souvenirs. Pourtant, nombre des propos de Dumay sont d'une surprenante
actualité ; nul doute que le lecteur, s'il le désire, saura puiser dans la force et le
courage de cet homme exceptionnel des raisons d'agir à une époque, la nôtre,
où cela est si nécessaire.