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Pourquoi cet homme n’a-t-il pas vécu jusqu’à moi […], j’en eusse fait notre Nelson, et les affaires eussent pris une autre tournure », déclarait Napoléon à propos du vice-amiral Pierre André de Suffren (1729-1788). Bel hommage pour celui qui est, à l’étranger, le plus connu des marins français. Pourtant le personnage n’a jamais manqué de détracteurs. Si les uns retiennent son immense popularité auprès des hommes, son souci permanent de leur santé et de leur moral, les autres soulignent la démagogie d’un chef dur et cassant avec ses officiers mais cultivant, avec sa tenue débraillée et sa vulgarité de langage, une familiarité déplacée avec les équipages. Embarqué dès 15 ans sur les navires de la marine royale, Suffren combat la domination maritime anglaise sur toutes les mers, notamment au cours de la guerre d’indépendance américaine. Mais c’est le commandement de l’escadre française envoyée aux Indes qui va lui donner l’occasion de faire éclater son génie. Remarquable stratège, Suffren affronte pendant 3 ans, avec panache et résolution, la flotte de Hughes, l’amiral britannique, jusqu’à ce qui va constituer sa plus belle victoire : Gondelour. Rompant avec la prudente doctrine en vigueur, il adopte une tactique résolument agressive visant la destruction des forces de l’ennemi. La paix lui fera néanmoins reprendre le chemin de la France, où les honneurs l’attendent : le grade de vice-amiral, le prestigieux ordre du Saint-Esprit , et une place dans l’histoire. Rémi Monaque conte avec maîtrise et brio les aventures de ce marin amoureux d’un métier qu’il connaissait si bien que le plus grand théoricien maritime français, l’amiral Cartex, le considère, avec Ruyter et Nelson, comme l’un des « trois noms immortels qui jalonnent l’histoire de la marine à voiles ».