Le 8 mai 1842, le train Versailles-Paris, bondé, déraille
à la hauteur de Meudon. Les wagons de bois flambent
comme bouchons de paille. Il n'y aura pas de survivants.
Hypnotisé par l'ampleur de la catastrophe, le prophète
de malheur Antoine Madrolle prétend lever le voile sur
les implications «théologiques» du sinistre. Juriste sans
chaire, publiciste sans tribune, sectaire sans aveu,
Madrolle (1792-1860) fut lui-même en toutes circonstances
la première victime de son propre zèle apologétique.
Ayant, par le plus grand des hasards, retrouvé sa trace
dans les arbres mêmes auxquels Madrolle grimpait
«pour écrire plus près de Dieu», Bruno Duval a pris le
malin plaisir d'exhumer cette étrange figure d'intellectuel
vintrasien.
Pour Queneau, «Madrolle était prophète, mais il ne
faisait ses prophéties qu'après coup» ; Blavier, sur la foi
d'un titre incongru, l'a enregistré parmi ses fous littéraires.