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Le 17 septembre 1950, Norbert Héry, lieutenant de Légion en Indochine, est porté tué au combat de Dong-Khé. Son nom sera gravé dans le marbre de l’Hôtel de ville de Rennes parmi les morts de la Guerre d’Indochine. Près de cinquante ans après, son nom est toujours là ; Norbert Héry, aussi, parfaitement en vie. Il a pourtant bien effectué un séjour dans l’au-delà durant quatre ans, de septembre 1950 à septembre 1954 : l’au-delà viêtminh du Camp n° 1 des « officiers prisonniers français… ». 1 446 jours parmi les morts-vivants, 1 446 jours d’une vie quotidienne à l’état sauvage, dans un camp itinérant sans autres barbelés que la nature hostile du Tonkin. Norbert Héry retrace par touches successives cette vie quotidienne où l’humour côtoie la mort, où l’astuce combat la faim, où les séances de rééducation oscillent entre le grotesque et le tragique, où les « Tu-Binh » (prisonniers) font face à leur destin. Voici la vérité vécue au Camp n° 1. Engagé volontaire à 18 ans, Norbert Héry entre à Saint-Cyr Coëtquidan en 1946. Sous-lieutenant de Légion en 1948, il embarque pour l’Indochine en décembre. Après un an passé au Cambodge et dans le Delta, il rejoint le 3e Étranger sur la frontière chinoise. en février 1950. Le 7 septembre, sa compagnie arrive au poste de Dong-Khé. Le 16 au matin, les 250 hommes de la garnison sont attaqués par 15 000 Viêt Minhs. À l’aube du 18, la citadelle tombe : il n’y a plus que des morts et des blessés. Norbert Héry fait partie des blessés. Ils sont emmenés en captivité, les officiers au Camp n° 1 (21 % succomberont), les sous-officiers et hommes de troupe dans divers mouroirs de la jungle (mortalité supérieure à 90 %). Pour le rescapé Norbert Héry, ce sera ensuite la Guerre d’Algérie à la tête d’une compagnie portée du 2e Étranger. Mais « l’Armée le quitte » en 1962 et il se reconvertit, pour 20 années, dans l’industrie.