Le réalisme est la grande question posée au cinéma pour penser
sa mutation vers le tout numérique. Le futur du cinéma passe par la
création de mondes virtuels ou par l'imitation en images de synthèse
du monde tel que nous l'avait révélé l'image photographique.
Est-ce pour autant la mort du cinéma, ou tout au moins d'un certain
cinéma ? Ou bien les images de synthèse sont-elles capables de
proposer une nouvelle forme de réalisme ?
Partant de l'idée d'André Bazin selon laquelle ce qui caractérise le
cinéma, c'est sa capacité à reproduire le monde, l'hypothèse du livre
est qu'à l'ère numérique, le cinéma perpétue ses processus fondamentaux
: capturer la réalité, documenter le monde et saisir le flux
du temps dans l'image. Face au devenir d'un cinéma du tout virtuel,
à gros budget, à effets spéciaux spectaculaires, apparaît un cinéma
qui joue avec tous les formats, qui mélange l'image professionnelle
et l'image amateur, à la frontière entre fiction et documentaire, diffusé
non seulement en salles, mais aussi par des galeries, les
musées et sur les pages du web. Le pari d'Angel Quintana est que le
numérique, loin de menacer l'ontologie du cinéma, en renouvelle les
possibilités comme art réaliste.