
Si les ouvrages sur les prisons ne manquent pas, l'échange de deux amis
directeurs de prison - l'un belge et l'autre canadien - sur leurs expériences est
original à plus d'un titre. Ils n'adoptent pas la posture d'une confession mais
livrent une réflexion constructive basée sur des constats graves et urgents.
C'est de la souffrance pénitentiaire dont ils témoignent mais aussi d'une
volonté de sortir le monde carcéral des ornières, des solutions à la mode et
de l'habitude ou de l'indifférence.
Alors que tout sépare ces deux directeurs - les pays, leurs histoires et
personnalités, la période de direction - ils dénoncent les lacunes importantes
d'une même voix tout en proposant des adaptations légales et réglementaires,
faisant une place importante aux droits de la personne détenue, aux attentes
du personnel de surveillance pénitentiaire. Leur posture n'est ni larmoyante
ni revancharde mais celle de théoriciens/praticiens qui plaident pour une
prison plus humaine et de dernier recours.
S'il est légitime qu'un jeune puisse être attiré par la fonction complexe
de directeur de prison, les auteurs insistent sur l'importance de la
connaissance de soi et de sa résistance face au stress ou aux conflits. Ils
pensent qu'un directeur ne peut pas se contenter d'être le gardien de la
loi car, en paraphrasant Michel Crozier, la prison ne se gouverne pas par
décret ! Le respect des personnes importe autant, sinon davantage, que
l'application de la loi. Au risque de contrarier certains responsables, les
techniques de gestion ne doivent pas devenir des outils privilégiés qui ne
servent finalement qu'à entretenir l'illusion de l'ordre.
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